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Restauration d'une EGMOND Tempest 1970 |
Voici une Tempest achetée sur le bon coin, un modèle datant de 1969/1970 et qui va passer une petite révision. Disons d'emblée qu'elle ne possédait pas son capôt de chevalet, et que les boutons de potentiomètres n'étaient pas d'origine. En bon état général, elle méritait quand même quelques soins pour être au top. Comme d'habitude, il faut tout démonter pour nettoyer, éventuellement dérouiller et repeindre, et c'est ce que je vous raconte ici en images. |
Sur les vieilles guitares, les flancs sont généralement les parties les plus abimées, mais il n'est pas très compliqué de remédier à ce problème. Il y faut de la patience et beaucoup de soins, moyennant quoi il est possible de redonner un excellent aspect à ces parties. Il faut d'abord reboucher les trous trop profonds avec du mastic bois ou auto, et ensuite couvrir au pinceau les simples défauts d'aspect par de petites touches épaisses avec la peinture qui sera utilisée ensuite pour la couche finale. Un ponçage à l'eau très fin devra être effectué avant peinture et de sa qualité dépendra le résultat final. Ici, il était nécessaire de préserver la table et le dos qui étaient en excellent état, et donc de faire un masquage approprié comme vous le montrent les photos ci-après. J'ai utilisé de la peinture en bombe noire ultra brillante de chez Bricorama. Faites attention à l'argument "haut pouvoir couvrant" utilisé par la plupart des fabricants de peintures et ne vous y fiez pas. Plusieurs couches à 2 mm d'intervalle, ou après 2 heures de séchage seront nécessaires, car à chaque passe, la couche déposée est très mince et le polissage final pourrait gommer cette couche fragile. |
Comme cela ne vous aura pas échappé, le corps de cette Tempest est identique à celui d'une Thunder. Et ici j'ai quand même fait une constatation assez surprenante. Ci-dessous à gauche ma Thunder, et à droite ma Tempest. Il est facile de constater que les défonces de la Thunder encore visibles au fond des cavités, ont été élargies pour recevoir le nouvel accastillage de la Tempest ! Visiblement le constructeur a utilisé des corps de Thunder déjà en stock, faisant fi de l'homogénéïté de la gamme Tempest, plutôt que de refaconner un nouveau corps ... probablement par soucis d'économies. |
Donc après la peinture des côtés et un pollissage adapté (ni trop ni trop peu) le résultat n'est quand même pas mal. |
Le vibrato est un modèle "Vibralux" TK4, répertorié dans les catalogues d'accessoires sous la référence 321. (Rappellons qu'il y a deux modèles différents de "Vibralux", l'autre étant le TK3 pour guitares à caisse). En voici la description catalogue : "Vibrator-unit TK 4. Allowing smoothest possible tremoloactions. Changing the tone above and below the normal pitch. Suitable for solid guitars only. Chromiumplated. With ball bearings." Il est d'une construction assez massive avec des épaisseurs de métal qualitatives. Ci-dessous démonté, nettoyé, il est en excellent état et les "chromes" semblent de meilleure qualité que sur le modèle antérieur "Vibratone" TK2. Généralement Egmond indique que les parties métalliques sont seulement "nickelées" ce qui explique des accastillages qui n'ont pas résisté au temps et sont souvents piqués par la rouille. Mais ici il est bien précisé "chromium plated". Curieusement malgré un assez grand nombre de pièces, il n'y a aucune possiblité de réglage de la tension de l'unique ressort, ni de la hauteur du bras de vibrato. Après le réemploi des corps de Thunder dont j'ai parlé plus haut, j'ai une deuxième surprise et de taille, et comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessous à gauche, nulle trace des roulements à billes annoncés dans le descriptif ...! L'axe du bras de vibrato pivote sur deux paliers en nylon ! Egmond avait-il décidé de diminuer la qualité de ses composants, alors que le modèle "Tempest" avec un corps asymétrique harmonieux, était son haut de gamme ... ? Serait-ce un modèle assemblé en toute hâte et à moindres coûts, par un fabriquant aux abois qui entrevoyait déjà sa fin en 1970/1971, et était dans l'incapacité (financière) de concevoir de nouveaux modèles ? Décidemment cette marque n'en finit pas de nous décevoir.
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Le chevalet est un modèle à pontets individuels réglables. Chaque pontet à un débattemment assez grand pour régler l'intonation d'une manière précise. Le chevalet est lui-même réglable en hauteur par le système habituel de molettes se déplaçant sur une tige filetée, elle-même vissée dans le corps de la guitare. |
Les mécaniques sont des modèles nickelés et capotés montés en général sur les modèles 1969/70 et sur d'autres modèles plutôt dans le haut de la gamme. Démontage, et nettoyage complet puis remontage. Ces mécaniques fonctionnent parfaitement si l'on prend la peine de regarder avec précision où ça coince et de mettre une micro goutte d'huile. Pas de problème d'encrassement à craindre puisque justement elles sont préservées des poussières par le capot. |
Lorsque je vois ces belles mécaniques souvent remplacées par leurs anciens propriétaires par des modèles certes plus modernes, mais qui ne feront pas mieux, sauf peut-être celles à blocage (genre Sperzel) pour garder l'accord. Mais personnellement quand je prends l'une de mes guitares en main, je vérifie toujours l'accordage. Ce n'est quand même pas très contraignant. |
J'avais en stock un capot de chevalet que j'ai donc installé ici. J'ignore si c'est le bon, car un autre type de capot existe avec un désign moins anguleux. Les boutons de potentiomètres ne sont pas non plus d'origine mais difficile de retrouver les mêmes dimensions dans les fabrications actuelles, et encore moins d'occasion. |
Un polissage final sera nécessaire pour estomper les limites de la nouvelle peinture et donner de la brillance. |
Après la réfection des cotés, le nettoyage complet de l'accastillage et le remontage de la guitare, le résultat est excellent comme vous pouvez en juger. C'est une très jolie pièce en état exceptionnel. |
Le moment du bilan est arrivé. Malgré la présence d'un trussrod, et ayant vu sur ma précédente Thunder la touche se décoller partiellement, je ne recommande pas une intervention trop énergique sur ce dispositif et d'accepter une légère courbure du manche. Et pour compenser, il a été nécessaire de placer une cale sous le talon du manche pour revenir à une action un peu plus basse puis régler l'intonation. Le sélecteur à sept positions est tout à fait fonctionnel et permet de choisir chaque micro seul ou en combinaison avec les deux autres. Cette guitare révèle une tonalité chaude propre aux instruments de cette époque. Le vibrato est un peu mou et n'a pas une grande amplitude. D'autre part j'ai remarqué l'absence de liaison masse entre le circuit électronique et les élements chevalet/cordier et cordes, cependant elle fonctionne sans aucun ronflement ou autre bruit parasite. Elle est parfaitement jouable, mais quand même le manche (et on pouvait s'y attendre) de 24 mm d'épaisseur au sillet est un peu épais à mon goût. D'autre part la hauteur des micros posés à plat sur le pickguard (et non encastrés dans le corps) est aussi une source d'inconfort. Mais cela n'engage bien entendu que mon ressenti personnel. Pour conclure un bel instrument vintage que l'on a plaisir à collectionner, mais qui déjà à l'époque était en dessous des standard US et asiatiques. |